Littérature jeunesse: C’est la rentrée
Il est tout presque fini le temps de l’oisiveté, des imprévus, des visites impromptues. Il laissera place à celui de la rentrée, des devoirs, des horaires et de l’impératif «c’est l’heure d’aller dormir mon enfant, il y a école demain!» Alors, pour affronter tout en calme et en douceur ce retour à l’ordre, voici quelques lectures qui sauront détendre les plus excités.
Petit cartable Grande Journée
Géraldine Collet et Kerascoët, Petit cartable Grande journée, Paris, Albin, Michel, 2017, 48 pages. 3 ans et plus.
Jouant d’opposition entre ce qui est petit et grand, Géraldine Collet, dans ce Petit cartable Grande journée, met en scène un enfant que l’on suit de son réveil – lors de la première journée d’école – jusqu’à l’heure du dodo. Les contraires présentés dans le court texte permettent de parcourir le quotidien qui se prolonge et s’épanouit dans les illustrations candides et douces du duo d’illustrateur qu’est Kerascoët. La poésie du trait permet l’évocation de réalités palpables tout en assurant une part d’imaginaire. Par exemple, pour parler du temps qu’il fait, Collet écrit : «Gros nuages. Petit gilet». L’illustration pleine page répond à cette notice en présentant l’enfant en train d’enfiler un lainage qui tient encore par un fil aux moutons qui tentent d’entrer par la fenêtre. Un album jeunesse qui mêle habilement quotidien et envolées lyriques.
Chat perdu
Henry Cole, Chat perdu, Paris, Little Urban édition, 32 pages, 2-7 ans
Un garçon lit bien confortablement installé sur le canapé du salon. Son chat, posté sur le rebord de la fenêtre, est aux aguets. Tous les bruits, les mouvements attirent son attention. Alors, n’y tenant plus, et à l’insu de son maître, il sort et part à l’aventure. Le garçon ne perdra pas de temps à partir à sa recherche, mais sa quête sera infertile, du moins jusqu’à ce qu’il rentre au bercail où une surprise l’attend. Henry Cole offre un album sans texte, laissant toute la place à l’illustration et à l’imagination du lecteur. Ce type d’ouvrage permet aux petits d’inventer leur propre histoire, d’ajouter des détails, de s’arrêter sur des scènes, de fureter l’image et y découvrir mille et une autres histoires qui accompagnent la principale. Le crayonné de Cole tout en noir et blanc, fait de nombreux détails, ajoute au travail d’observation et à la richesse du récit iconographique. Très beau.
Suzie Zanie et les ciseaux
Jaap Robbe et Benjamin Leroy, Suzie Zanie et les ciseaux, Paris, Éd. Père Fouettard, 2017, 24 pages, 5 ans et plus.
«Suzie et Chien s’ennuient. Tous les crayons sont usés et la poupée neuve est déjà cassée. Tout à coup, Suzie entend un bruit bizarre…» Ce sont les ciseaux, tout au fond du tiroir qui ont une « grosse fringale de découpages». Commence alors une folle séance de taillage. Des cheveux de Suzie au derrière du voisin grincheux en passant par les rideaux, les plumes de l’oiseau, la ceinture du policier et Chien, le jeu de «coupe-coupe» ne semble pas vouloir s’arrêter. Mais comme toute bonne chose à une fin, les ciseaux, repus, retournent dans leur tiroir. Une autre voix se fait toutefois entendre, celle du marteau qui partage son irrépressible envie d’aller planter des clous… Le rythme constant, l’écriture franche, la complémentarité entre le texte un brin voyou et les illustrations bédéesques en font un album déjanté, porté par une joie de vivre contagieuse. À lire et relire sans modération.
Je compte tout
Raphaël Martin et Justine De Lagause, Je compte tout, Paris, De La Martinière, 2017, 64 pages, 6 ans et plus.
«Avec une calculatrice à la place des yeux, tu feras des découvertes incroyables! Des chiffres étonnants se cachent au creux des arbres, au sommet des gratte-ciel, dans la fourrure des animaux» peut-on lire en amorce de ce documentaire. Les petits – et même les grands – comptent souvent tout ce qu’ils voient: les pattes d’insectes, les pétales de fleurs, les lignes de trottoirs, pour ne nommer que ceux-là. Pour les adeptes de statistiques, voici donc un ouvrage pour vous. Présenté en 6 parties, allant des animaux aux monuments en passant par l’espace et la nature, il renferme une quantité impressionnante de groupes classés selon différents critères. Le nombre de pattes, d’os, de mamelles, de feuilles, d’heures d’ensoleillement selon le pays, etc. Ainsi on apprend qu’au moment où elle fane, la fleur de pavot libère jusqu’à 32 000 petites graines noires, que les termites peuvent rassembler jusqu’à 1,5 million d’individus, qu’il y a sur la terre 187 grands fleuves, 300 000 îles, et plus encore. De quoi faire passer le temps tout en se nourrissant le ciboulot.
Bonne rentrée en compagnie de littérature jeunesse!
Marie Fradette, l'auteure de ces suggestions est également collaboratrice au journal Le Devoir. Par ici pour découvrir ses chroniques!
