Littérature jeunesse: Beau temps pour feuilleter
Les moustiques, le soleil, la plage, les feux de camp, les parties de soccer, les fêtes dans le jardin, voilà l’été, formidable saison pour profiter du dehors. Mais entre toutes ces activités, la lecture reste là, omniprésente, prête à vous égayer un après-midi pluvieux tout comme à vous rafraîchir sous le feuillage. Voici donc quatre albums qui font honneur à la littérature jeunesse et que vos petits et vous auront du plaisir à feuilleter.
La girafe qui ne voulait pas se laver
Christine Beigel, Paris, Gauthier Languereau, 2017, 18 pages, 3-6 ans
«Mais! C’est qui-c’est quoi, ces petits canacochonris? – C’est nous, Mamie. Tes poussins. Tu ne nous reconnais pas? – Au bain, les copouchins! – Ah! Non, pas le bain! – Vous n’allez tout de même pas me faire le coup de la girafe…» La girafe? Mais oui, elle refuse de se laver, de peur que ses taches disparaissent. C’est bien connu ! Et la maman poule raconte ainsi à ses poussins mal lavés toute la course entreprise par la girafe pour échapper à l’eau. En vain. C’est bien sûr le thème du bain quotidien qui sous-tend cette histoire, mais il faut voir d’abord l’écriture enlevante, les rimes pimpantes qui méritent d’être lues à haute voix. Et, les illustrations d’Hervé Le Goff, alliant candeur, tendresse et humour, accentuent le plaisir de lire. Enfin, c’est aussi un jeu de cherche et trouve que les petits pourront découvrir à travers cette jungle animalière qui ressemble étrangement à la frénésie qui accompagne l’heure du bain.
Mon fils
Vincent Cuvellier, Paris, Gallimard, 2017, 92 pages, 7 ans et plus.
Vincent Cuvellier nous raconte sa relation avec son fils, depuis sa naissance jusqu’à l’âge de 8 (autour de), leur quotidien, les discussions qu’ils engagent, le tout dans une langue savoureuse, une écriture fine, un style assumé passant de l’absurde à la tendresse, un peu à la manière de Renaud dans ses chansons. Prenez la description de son fils, par exemple «il est tellement beau, que même s’il était moche, il serait beau quand même. Tout d’abord il a des yeux. Deux. Les yeux de sa mère. Enfin, ce n’est pas vraiment les yeux de sa mère, ce sont ses yeux à lui…». S’ajoutent à ce texte sensible, les illustrations épurées de Delphine Perret. Elle utilise quelques couleurs primaires, mais le blanc domine sur lequel se pose le trait de crayon, quelques lignes pour mettre en scène les deux personnages. Une lecture savoureuse que vous aurez plaisir à feuilleter et qui met en lumière de façon poétique la relation entre un père et son fils.
Dessine-moi un petit prince
Michel Van Zeveren, Paris, Pastel, 48 pages, 5-7 ans.
Dans la classe de Petit Mouton, il y a un autre petit mouton qui dessine trop bien. Il a réussi à dessiner le Petit Prince. C’est fort, mais quand tout le monde lui demande chacun une copie, Petit Mouton leur propose plutôt de le faire eux-mêmes. C’est bien, sauf pour petit mouton – un autre, oui ils s’appellent tous petit mouton – qui croit ne pas savoir dessiner. Si Michel Van Zeveren revoit avec singularité St-Exupéry, il met surtout en lumière l’importance de découvrir les forces qui sommeillent en chacun, que l’idée de se suivre comme des moutons, répétant les mêmes gestes, empêche de s’épanouir, de voir plus loin que le bout de son nez. L’auteur, qui a déjà plusieurs titres à son actif, signe aussi les illustrations. Son trait tout en rondeur fait d’humour et de caricature, offre des personnages toujours attachants et vibrants. Il faut voir aussi les autres albums et romans de l’auteur qui s’amuse notamment souvent avec le loup, figure malmenée s’il en est une.
Sven le terrible – Pas de vacances pour les pirates!
Rhéa Dufresne, Montréal, Les 400 coups, 32 pages, 5 ans et plus
Rhéa Dufresne offre ici un album jeunesse qui saura plaire aux amateurs d’action, de trésors, de pirates et de combats. Alors que Kit Malouf débarque sur le pont de la Méduse, Sven le terrible, capitaine du vaisseau n’en a rien à cirer. Blasé, il refuse même de se battre. Berlingot, son fidèle matelot, lui propose alors des vacances qui ne seront finalement pas de tout repos. Empruntant au graphisme de la bédé, jouant de phylactères, les répliques humoristiques de Dufresne et le trait caricatural d’Orbis ajoutent à l’effet enlevant de l’ensemble. Il y a dans ce livre un mélange savoureux d’action agrémentée par des personnages dynamiques qui n’ont pas froid aux yeux. Allez, en garde!
Marie Fradette, l'auteure de ces suggestions est également collaboratrice au journal Le Devoir. Par ici pour découvrir ses chroniques!
